La philosophie est un terrain d'échange d'idées où les émotions peuvent à la fois servir de point de départ pour la réflexion et parfois agir comme un obstacle à la pensée. À l'image de Spinoza dans son Éthique, nous pourrions envisager qu'un affect n'est néfaste que lorsqu'il empêche de penser, produit des idées confuses et diminue la puissance d'agir. Il existe donc des émotions désagréables qui entravent la recherche et d'autres qui, à l'inverse, la rendent possible.
Le rôle clé des émotions en philosophie avec les enfants
Dans le domaine de la philosophie pour enfants, les émotions jouent un rôle essentiel. Elles ont trois fonctions principales:
Révéler nos valeurs et ce qui compte pour nous
Nos sentiments nous indiquent ce qui est important pour nous, ce qui est cher à notre cœur. C'est comme un boussole interne qui nous guide vers nos valeurs profondes.
Offrir un point de départ pour mieux se connaître
Nos émotions nous offrent un miroir dans lequel nous pouvons nous observer, nous comprendre et nous développer.
Rendre la pratique philosophique ludique et joyeuse en permettant des découvertes
Les émotions peuvent rendre la philosophie vivante, tangible et passionnante. Elles peuvent transformer une discussion abstraite en une aventure de découverte personnelle.
Cependant, les émotions peuvent aussi parfois être considérées comme un obstacle à la pensée, notamment lorsqu'elles nous submergent au point de nous empêcher d'avancer. Dans ce cas, il est primordial de prendre le temps d'écouter et de valider ces émotions, plutôt que de chercher à penser outre mesure.
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Les défis de l'émotion excessive
Les émotions en philo avec les enfants, lorsqu'elles sont excessives, peuvent représenter des défis majeurs :
Renforcement des biais cognitifs
Lorsque nos émotions sont trop fortes, tout ce que l'autre dit sera utilisé pour justifier notre point de vue, même si les arguments des autres sont plus robustes. En conséquence, notre perspective peut se rétrécir et notre capacité à raisonner de manière objective peut être entravée.
Entrave au raisonnement
Un sujet qui affecte profondément un enfant et le met mal à l'aise peut perturber sa capacité à réfléchir. L'enfant peut avoir du mal à penser profondément à ce qu'il dit et se contenter de projeter son opinion sur les autres. C'est un défi particulier dans les discussions philosophiques où l'ouverture d'esprit et la capacité à considérer différentes perspectives sont cruciales.
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Le rôle clé des émotions en philosophie avec les enfants
Il est intéressant d'interroger les enfants sur ce qui peut les pousser à ne pas écouter les autres et d'évaluer la validité de ces raisons. Cette prise de conscience peut être une première étape importante vers l'amélioration des compétences d'écoute.
Que faire alors ?
Voici deux suggestions pour surmonter ces défis :
Donnez l'exemple
L'écoute active est une compétence précieuse qui doit être cultivée. Pour cela, reformulez ce que l'enfant dit pour vous assurer d'avoir bien compris son idée et donnez-lui la possibilité de vous corriger si besoin. Par exemple, vous pouvez dire : "Pour être sûr de bien comprendre, peux-tu me dire si j'ai bien saisi ce que tu voulais dire ? Est-ce que ce que tu dis c’est ..." En procédant ainsi, vous montrez à l'enfant que vous êtes attentif à ce qu'il dit et que vous êtes prêt à écouter et à comprendre son point de vue.
Clarifiez les idées
Si le discours de l'enfant n'est pas tout à fait clair, aidez-le à clarifier son message en demandant à d'autres s'ils ont compris ou en l'encourageant à reformuler. Par exemple, vous pouvez demander au groupe s'ils ont bien compris ce que l'enfant a voulu dire, et s'il y a une personne qui peut reformuler son idée. Si personne n'y parvient, encouragez l'enfant à reformuler lui-même son message, car chaque idée mérite d'être entendue et comprise.
Dans la pratique de la philosophie avec les enfants, souvenons-nous que l'émotion, tout comme la raison, a sa place. Il est important de maintenir un équilibre entre les deux. C'est en faisant preuve d'empathie, en valorisant les émotions des enfants et en les aidant à comprendre leur propre pensée que nous pouvons créer un espace sûr et stimulant pour eux. Quand on se sent écouté, les émotions ont la place qui leur est dû, et cela apaise le corps et le mental.
En résumé, la philosophie pour enfants n'est pas seulement une question de logique et de raisonnement, mais aussi une question de cœur. Les émotions, lorsqu'elles sont bien gérées, peuvent enrichir la discussion philosophique et aider les enfants à mieux se connaître. Alors, engageons-nous à faire de la philosophie avec les enfants une pratique à la fois réfléchie et émotionnellement enrichissante.
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