Mon fils m'a questionné sur la mort à 3 ans (le petit coquinou!). Il a nécessairement fallu que j'adapte mon langage à son âge, et que j'aille au plus simple.
Ce qu'il voulait savoir en priorité: est-ce que nous (ses parents) allions mourir un jour? (Le cœur de maman se serre. Je suis supposée le protéger mais je ne peux pas lui mentir. On ne parle pas du Père Noël là quand même).
J'ai de suite pensé à la scène du film Le Roi Lion, où Mufasa explique à Simba qu'il ne sera pas toujours là mais qu'il le contemplera du haut des étoiles où tous les monarques vont après leur mort (mon cœur pleure à me remémorer cette scène, bouhouhouhou).
Pour certains le paradis est une solution pour gérer la tristesse, l'angoisse ontologique, pour d'autres c'est la réincarnation. Mourir, disparaître pour toujours, ne rien laisser, perdre son âme, quel sens aurait la vie si tout devait mourir? Si plus rien ne persistait de nous? D'autant qu'on fait des efforts pour être heureux et bien vivre nous oh!
Pour mon fils, la première inquiétude était de perdre ses parents. Quelle angoisse.
Je ne crois pas au paradis, je crois qu'on va nourrir la terre et disparaître. Je ne crois pas en la réincarnation, ni en l'âme. Alors le transmettre à mon fils, je n'en ai pas envie. MAIS heureusement que mon fils ne me questionne pas uniquement moi. Il a aussi posé cette question à sa mamie, à sa nounou. Qui elles croient au paradis, et lui ont dit que les morts montent au ciel.
Alors mon fils m'a demandé si on monte au ciel quand on meurt. J'ai simplement dit que certaines personnes y croyaient, d'autres non, et qu'ils pouvaient décider lui-même ce qu'il veut croire. Mais la mort fait partie de la vie, c'est normal. C'est aussi normal d'en avoir peur, beaucoup de personnes ont peur. "C'est pour ça mon fils qu'il faut profiter de la vie et faire ce qu'on aime et qui nous rend heureux, à commencer par des câlins et des bisous à sa famille!"
Vous pouvez retrouver l'expérience de pensée sur l'immortalité et son mode d'emploi dans ce kit GRATUIT !
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Accepter l'émotion de la peur.
Plus ils grandissent, plus notre discours peut s'étoffer. Je dirais que la première chose fondamentale, est de reconnaître et accueillir la peur de la mort si l'enfant l'exprime. Et lui demander de quoi il a peur en y pensant. En général, on a surtout peur de voir ses proches mourir, plus que de notre propre mort.
Cette peur est tellement partagée que les philosophes en ont parlé!
Platon dans Le Phédon met Socrate en scène à la veille de sa mort. Socrate parle alors de l'immortalité de l'âme qui ne serait pas soumise à la corruption et au changement comme les choses du monde sensible. Pour Socrate, la mort, c'est un beau risque à courir.
“Philosopher, c'est apprendre à mourir” ? Montaigne nous enseigne que la finitude est une composante irréductible de la vie : chacun de nous est mortel. Mais cette expérience de l'inéluctabilité de la mort ne doit pas désespérer l'homme.
Pour Spinoza la philosophie est "une méditation non de la mort, mais de la vie", Livre IV de l'Ethique. Spinoza préfère se concentrer sur la vie plutôt que le côté morbide de la mort, car la pensée de la mort est inutile.
D'ailleurs pour Épicure, il ne faut pas avoir peur de la mort en elle-même puisque : « Le mal qui nous effraie le plus, la mort, n'est rien pour nous puisque lorsque nous existons la mort n'est pas là et lorsque la mort est là, nous n'existons plus » (Lettre à Ménécée). Se concentrer sur la seule chose que nous pouvons connaître, la vie. Cette vie est la seule à pouvoir nous apporter le bonheur.
Dire que la mort fait partie de la vie, ce n'est pas lui enlever son caractère triste, mais l'intégrer dans nos vies. Parler de mort, c'est surtout parler du sens de la vie.
Pour Jankélévitch au contraire, le problème de la mort ne réside pas en notre mort, mais en celle de nos proches.
Pour Heidegger, la mort est ce par quoi la vie prend un sens. Assumer notre condition d'être mortel nous oblige à prendre la pleine responsabilité de notre vie.
Expérience de pensée: parler de la mort pour donner du sens à la vie.
Alors pourquoi pas un petit jeu, une expérience de pensée?
"On te propose de boire l'eau de la fontaine de Jouvence qui te ferait devenir immortel, que choisis-tu? Devenir immortel? Ou rester mortel?
Réponse assez simple pour justifier de boire cette eau: "je la bois car j'aimerais voir l'avenir et profiter de toute ma descendance".
Mais les enfants voient beaucoup plus d'inconvénients à être immortel. Voici quelques une de leurs idées:
Je ne veux pas voir mes proches mourir.
Si je bois l'eau tout le monde voudra en boire, on sera trop nombreux et ce serait mauvais pour la terre.
Il y aurait de plus en plus de violence. Alors que si les présidents meurent, peut-être qu'on en aura un moins pire.
Je donnerais cette eau aux plantes et aux animaux pour qu'ils ne meurent pas
Je ne trouverais pas juste de devenir immortel quand d'autres personnes n'ont pas la chance de vivre, parce qu'ils sont dans un pays en guerre.
On ne verrait pas ce qu'il y a après la mort.
Je serai blasé, je remettrai tout au lendemain. Au bout d'un moment je ne prendrais plus de plaisir car je saurais faire tellement de choses. Je n'aurais plus aucun objectif qui me rende heureux.
Mourir, c'est pouvoir donner du sens à sa vie.
On donne souvent à la mort , notamment à Halloween, l'image d'un monstre qui fauche les vivants au gré de son envie. La mort est méchante, dangereuse, monstrueuse. Voici un court métrage, The life of death, (littéralement "la vie de la mort") qui dépeint la mort bien autrement. La mort doit poser sa main sur une biche, mais n'y parvient pas. La mort vit près de la biche, sans jamais pouvoir la toucher de peur de la tuer. Mais elle aime la biche. Un jour, avec tristesse, la mort va s'abattre sur notre biche. Ce n'est pas le fait de la mort. C'est la biche qui s'est approchée de sa main. Il était temps de partir. La mort accompagne la vie.
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