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Photo du rédacteurNadia Thuilliers

Développer l’esprit critique des enfants: l’enjeu dans nos sociétés digitales.

Dernière mise à jour : 4 déc. 2023



Attention, article passionné et passionnant!


Le monde digital menace l'esprit critique.



Nous sommes dans un monde digital, et nos adolescents baignent dedans. Les copains et les copines ont tous un smartphone et se connectent sur TikTok, font des story sur Insta, et exposent de plus en plus leur vie privée. Les adolescents exposent leurs personnes, leurs corps. De façon de plus en plus sexualisée.


On veut se faire accepter, on joue le jeu. On a envie d’intégrer la tribu parce que c’est cool. En dehors de la tribu t’es bizarre, has been, ringard, pas fréquentable.


Tiens, on va t’exposer sur les réseaux même si tu n’en n’as pas envie. Photos prises à l’insu de certains, moqueries et lynchages en ligne. Comme le disait Blanche Gardin, avant tu disais des conneries bourrées au bar, à minuit le bar fermait! Et le lendemain on se racontait ce que Michel avait dit et on s’arrêtait là. Maintenant avec twitter, c’est sur la place publique, non stop!

“Regarde ce que Michel a dit en 2014!”


Chacun s’expose au regard de l’autre, son jugement, cherchant à se faire liker et à détruire ses détracteurs. "Bien envoyé Snoopy 93"! (Merci Blanche)


La parole est totalement décomplexée, proche de l’insulte. Je vais faire ma réac, mais où va t-on?


Et les ados sont exposés à une multitude d’informations.

Les réseaux sociaux sont fait pour retenir notre attention.

Les titres accrocheurs (appelés putaclics) invitent à liker une publication sans même l’avoir lue, car nous sommes d’accord avec le titre. Mais entre le titre et l’article, il peut y avoir un gros décalage!


Si les ados apprennent à attendre quelques secondes avant de liker, ce serait déjà un pas (je nous inclus aussi!).

Pourquoi? Parce que c’est le signe qu’on s’interroge avant de poser notre jugement.

Je like ou je like pas? Je vais d’abord aller voir!



"Aime moi, déteste moi, mais surtout, regarde moi!!"


T'as la rèf j'espère?


Plus un post est liké, plus je suis motivée à liker aussi! Et même, choisir de réagir sur une publication avec l'emoji qui s'esclaffe alors que je n'ai pas ri du tout! Du coup quand je trouve ça vraiment drôle, je rajoute un commentaire: "Hahahahahah je suis morte de rire t'as refais ma journée". C'est plus intense, plus proche de ce que j'ai vécu.


Ralentir, prendre de la distance: c’est ce vers quoi nous devons tendre. Pour protéger les enfants, qu’ils n’avalent pas n’importe quoi et qu’ils ne s’exposent pas bêtement. Ils ont besoin d’apprendre que leurs dires, leurs choix, leurs actes auront des conséquences pour eux.


Aujourd’hui la majorité de la population s’informe via les réseaux sociaux, qui appellent nos émotions et nous font surréagir. Ainsi fonctionnent les algorithmes. Soit on nous propose ce qu'on aime, on like, et on scroll pour en avoir encore plus. Soit on vous propose ce qui vous hérisse le poil, et vous réagissez, vous commentez, vous augmentez votre temps passé sur le réseau, vous voyez plus de pubs, et les réseaux gagnent de l’argent.


Et t'en fais pas, si t'as oublié la punch line que t'as envoyé à Mary Line sur Facebook, la notif te le rappellera. La notification, nouvelle déesse de la tentation et du narcissisme, te dira quand ton post a été liké, et par combien de personnes en plus!


Il faut aller vite car l’utilisateur se lasse rapidement maintenant! Il faut le toucher en plein cœur. Les émotions, c’est le nerf de la guerre. Et si on ne développe pas notre capacité à raisonner, si on n'apprend pas à mettre à juste distance nos émotions, on se noie dans ce tourbillon, jusqu'à 4h du matin.


La pilule du bonheur! Génération dopamine




Les neurosciences ont mis leur nez dedans. Ce que font les réseaux sociaux? Ils dopent notre sécrétion de dopamine.

La "pilule du bonheur"! On en est accroc. Le pire dans tout ça c'est que ça nous rend dépressif. Contradictoire?


"Robert Lustig (Université de Californie, endocrinologue pédiatrique) explique dans son ouvrage The Hacking of the American Mind que nous sommes sous l’emprise de la dopamine, générée par l’abondance du plaisir immédiat que procurent entre autres les réseaux sociaux. Il explique également que : « Tout ce qui conduit à la hausse de la dopamine entraîne directement ou indirectement une diminution de la sérotonine » c’est-à-dire une diminution du bien-être.

De plus en plus d’études montrent le lien entre l’utilisation du téléphone intelligent et des niveaux élevés du taux de cortisol, ce qui induit un état d’anxiété et de dépression." Article à lire au complet


La faute à ce que la dose de plaisir est obtenue sans faire d'effort. Or c'est le plaisir après l'effort qui nous donne une vraie sensation de bien être.



Agir trop rapidement, sans réfléchir, nous exposent à des informations et des jugements erronés.



Comment faire? Développer son raisonnement logique. Le raisonnement logique se développe surtout vers les 9-10 ans, mais sa mécanique se met en place bien avant.


La pratique philosophique est une voie d’accès royale à la logique! Elle est basée sur la démonstration. Le faire avec les enfants, ce n’est pas uniquement évoquer des sujets intellectuels concernant l’humanité entière. C’est leur donner des outils pour vivre dans le monde.


Mais pour accéder à la logique il faut d’abord identifier les émotions, les reconnaître, les nommer et apprendre à les observer.

Et les réseaux jouant sur nos émotions, le lien est très vite fait: nous avons appris à mettre de la distance avec nos émotions, donc sommes plus à même de les observer, en être moins esclaves. Observer ses émotions, les mettre en perspective, c'est travailler sa capacité à prendre du recul. Prendre du recul est une compétence qui permet de faire preuve d'esprit critique. Cet esprit critique qui est indispensable au monde digital dans lequel nous vivons.


Alors utilisons le tremplin qui nous est offert: la curiosité des enfants et musclons leur confiance en eux.


"La curiosité, qui est un sentiment qui engage à apprendre, ou encore la confiance en soi. «C'est l'autre jambe de l'éducation qui favorise l'esprit critique, car si on n'a pas confiance en soi, on n'ose pas avancer ses idées dans le groupe. Et on croit ce que dit toute personne qui fait autorité», poursuit Helen Lee Bouygues". ARTICLE LE FIGARO


Ça tombe bien! J'anime des ateliers de philosophie avec les enfants, de 7 à 16 ans.

2 SEANCES DECOUVERTES GRATUITES

FIN DES INSCRIPTIONS LE 30 SEPTEMBRES 2023 - PLACES LIMITEES!


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